Chambre de Shigeru Yamane

Épisode 01|Une colocation imprévue

Dimanche 2 octobre 2017, pas loin de seize heures. Shigeru Yamane, seize ans, fixait le plafond lézardé de sa chambre, une expression de franche négligence collée au visage. Il ne s'était pas rendu à la cérémonie d'accueil des nouveaux élèves tenue par le professeur Cronos, qui avait eu lieu à huit heures du matin, et il s'était contenté d'envoyer son sac de sport sous le petit bureau industriel, en faux bois, après en avoir extrait les atouts essentiels. Il avait déjà fait partie des nouvelles têtes par le passé, et il ne se sentait pas l'énergie ni l'envie d'aller affronter encore une fois tous ces visages inconnus, même pas en compagnie de ses amis de l'an passé, qu'il n'avait salué que très brièvement. Il était en réalité plus que déprimé. Ses cheveux blonds étaient déjà gras à cause de la chaleur. Le jeune homme feuilletait un magazine de charme qu'il avait fait passer en douce dans ses bagages, entre ses sous-vêtements et ses carnets de dessin, qui seraient sûrement inutiles cette année, même en cours d'art. Non, cette année, Shigeru n'avait même plus la force, ni l'envie d'espérer. Le conseil des professeurs avait décidé qu'il ferait partie des redoublants, à cause notamment de "problèmes disciplinaires" si on se fiait au bulletin. Décidément, ces crétins n'avaient rien compris. Lui infliger une humiliation de plus n'allait très certainement pas lui faire retrouver le droit chemin. Au contraire, il prendrait un malin plaisir à contourner les règles, sortir après le couvre-feu et participer à des duels illégaux en sachant qu'on lui plongeait à nouveau la tête au fond du bassin. Mais pour le moment, il profitait de la perfection des rondeurs mammaires de Miss Europe de l'Est. Ça l'aidait à oublier ses problèmes, à noyer le poisson. Un poisson avec des gros nichons. Soudain, un gamin ouvrit la porte sans frapper. Shigeru, après un haut-le-cœur, dut cacher son magazine sous son oreiller, remonter son pantalon en vitesse et accueillir un gosse à binocles, doté d'un visage jovial. La veste du redoublant était accrochée à l'un des piquets de la tête de lit, et il fronçait les sourcils.

Shigeru Yamane: Hé, toi ! Tu frappes jamais, avant d'entrer ? Qu'est-ce que tu veux, merde ?

Question presque rhétorique, car Shigeru était certain qu'il s'agissait d'un première année qui cherchait sa chambre et s'était trompé. Personne de sain d'esprit ne penserait, à la Direction, à faire cohabiter une nouvelle tête avec un élément aussi perturbateur que Yamane.

??? : Ah, euh.... Pardon, je dois avoir fait...

Lisant une indication sur une sorte de téléphone portable, écran se reflétant dans ses verres, une voix un peu basse bredouillait. C'était bel et bien un étudiant, un tout nouveau qui n'était pas familier à l'Académie et qui y posait pourtant ses gros sabots - comme ils disaient dans sa campagne natale. Regardant la pièce en faisant une légère grimace, le nouvel arrivant zyeuta au niveau du cadran de la porte, interloqué :

??? : Attends. On est bien à la chambre 114, ici? Du bâtiment Osiris?

Contrarié, l'étudiant se mit à jurer entre ses dents, sur le fait qu'on lui avait passer des vessies pour des lanternes, et que ce n'était pas le moment pour une erreur administrative. Analysant toute la surface de la pièce, le binoclard se rendit compte que la chambre n'était pas, comme promis, une structure pour une seule personne, mais pour deux.

Chouette. pensa l'élève.

La ''dernière disponible'' sans d'autres nuisances que les odeurs de friture, le jour des crevettes, et peut-être deux ou trois animaux, dont un gros chat. Mais là, pas d'autre bestiole qu'une boule de poils blonds, animal plutôt aigri. Pas la queue d'un chat, pas de réelle nuisance hormis celle de quelqu'un avec qui composer.

Et re-chouette. se dit l'étudiant, au moins autant aigri que l'autre.

Qu'à cela ne tienne, Kami - parce que c'est ainsi que se nommait cet élève - ne resterait pas longtemps dans le Dortoir Red Osiris. C'était que puiser dans ses dernières ressources, et essayer de ne pas dormir en cours, s'avérait devenir des choses plus que nécessaires.

Shigeru regarda le nouveau venu avec une expression interdite. Il mit quelques secondes à envisager ce qui pouvait se passer, même si cela lui semblait peu rationnel.

Shigeru Yamane: Attends... Ne me dis pas qu'ils t'ont placé ici?

Kami eut une grande envie de répondre avec tout le sarcasme du monde : ''Bien joué, Détective Conan, quelle déduction!'', mais c'était tendre le bâton pour se faire battre. S'il devait y avoir partage de lieu de vie, il valait mieux ne pas commencer les hostilités.Remontant son sac sur son épaule, Kami s'avança, main tendue. Signe de bienvenue de tout bonhomme qui se respecte.

Kami Sakuraï : Enchaî... Enchanté... Alors, moi, c'est Kami. Travaillons ensemble pour de meilleurs résultats!

C'était bien comme ça qu'on disait, non? Un truc du genre?
Bref. Paume amicale avancée et sourire collé au visage, Kami attendait une réponse de la part de son camarade.

L'étudiant redoublant hésita un instant. Il n'avait pas l'habitude de recevoir des marques de sympathie et ce gosse semblait doux comme un agneau. Sûrement le genre à se faire bouffer tout cru. Les Ra et les Obelisk trop peu scrupuleux risqueraient de n'en faire qu'une bouchée. Si Shigeru devait vraiment cohabiter avec ce "Kami" tout juste sorti de son troupeau de nouveaux, il faudrait au moins le décoincer un peu. N'empêche, heureusement que le dadais aux mèches jaunes et cendrées avait été coupé dans sa branlette, car si l'activité avait pu toucher à son terme, une poignée de main aurait été fatale au gamin. Shigeru serra donc fermement et rapidement la main de son condisciple.

Shigeru Yamane: Shigeru Yamane. Comme je suis plus vieux que toi, on dirait que je vais être ton senpai, donc, t'as intérêt à appliquer mes instructions à la lettre, si tu veux survivre ici. Déjà, évite les marques de politesse ! Surtout avec les élèves des autres dortoirs. Montre-leur que tu en as dans le ventre et envoie-les paître, à l'occasion. Serrer la main et dire bonjour comme ça, ça va juste leur donner l'impression que tu es leur bouffe. Je suppose qu'on t'a expliqué comment fonctionnait l'argent, ici. La plupart des Obelisk et des Ra sont comme moi, c'est-à-dire pas du genre sympa. Mets-toi bien ça dans le crâne et si tu joues correctement en plus d'étudier sérieusement, tu porteras bientôt une veste jaune ou bleue, et tu seras débarrassé de ma sale compagnie avant la fin de l'année. Pigé ?

Un félidé rondouillard, au pelage tigré aux yeux anormalement fins se glissa entre les jambes de Kami pour s'y frotter.

Shigeru Yamane: Que... Pharaoh ? C'est bizarre, d'habitude, il fuit les nouveaux ! Tu dois avoir un truc dans ton sac ?

D'accord, donc la bienveillance était signe de faiblesse - ou peut-être de naïveté? - c'était bon à savoir. En tous cas, ce n'était pas une raison pour envoyer le pauvre matou perturbateur dans les ronces. Kami se mit à rougir en entendant la question de Shigeru, couplé à l'extrême gentillesse du chat. Même si Kami était plutôt du style amoureux des animaux, de la nature, et surtout respectueux vis-à-vis des règlements, n'empêche que...

Kami Sakuraï : Ne répète ça à personne, d'accord? Et je partage avec toi, et... peut-être pas le chat, je lui donnerai de mon dîner. C'est pas un truc pour lui.

Fermant la porte en entrant pour de bon, Kami jeta son sac sur le lit qu'occupait Shigeru. Tête plongée dans ses affaires, l'élève cherchait visiblement quelque chose qui était enfoui dans une doublure de sac, belle cache aux yeux de quiconque n'était pas au courant. Un bruit de plastique froissé se fit entendre, et Kami se retourna, un paquet de ... gâteaux fait maison à la main.
Sourire gêné, idée de dire que, oui, la gourmandise l'emportait peut-être un peu, Kami haussa les épaules.

Kami Sakuraï : Je suis certain de ne pas être le seul à faire ça ici, je me doute, mais bon. Rien de l'extérieur ne doit rentrer, pour ne pas être une monnaie d'échange, mais... Merde, quoi, on est pas dans une prison, ah ah!

Dans la précipitation, et à cause de grands gestes d'excuses, Kami fit tomber des choses de son sac. Des vêtements de rechange, des affaires personnelles, très personnelles même, dont un deck. Ses cartes s'étalèrent au sol sans un bruit, sous le regard paniqué de Kami - qui se trouvait à gérer trop de choses de concert.

Shigeru Yamane : Mais c'est pas possible, ma parole ! Tu as des savonnettes à la place des mains, ou quoi ? Attends, laisse-moi t'aider.

Le grand gaillard d'un mètre quatre-vingt-deux s'accroupit à contrecœur, entreprenant de ramasser les affaires du nouveau. Ce qu'il était tarte! Mais bon, au moins, ça n'avait pas l'air d'être un mauvais, du moins, pas au premier abord. Il fallait toujours se méfier.

Shigeru Yamane : Bon, bien sûr, il faut aussi veiller à saisir les bonnes opportunités au bon moment, et la jouer fine devant les profs. J'ai jamais vraiment su faire... Mais bon, passons. Pharaoh, arrête de piétiner les cartes, bordel! Lui, j'aimerais bien te dire que c'est la mascotte du dortoir des Red. Mais il s'absente assez régulièrement et même, parfois, on le revoit pas pendant plusieurs jours. Aucune idée de ce qu'il fait, ni comment un matou aussi gras peut survivre avec la faune et la flore de l'île. Tu savais qu'il y avait des serpents venimeux ? Le Principal Samejima demande aux représentants des Red de s'occuper de Pharaoh, mais ces lécheurs de culs le font jamais. Alors souvent, je laisse des sardines dehors pour que ce couillon se pointe. Mais il tient pas en place. Pas moyen de l'enfermer quelque part pour qu'il se tienne tranquille, des fois, c'est à croire qu'il est possédé. Il paraît que son ancien maître est mort, il y a quatre ans de ça. Du coup, j'ai quand même pitié pour ce lunatique de chat... Et t'en fais pas pour tes gâteaux, crois-moi, l'an dernier, j'ai déjà vu pire que ça, en produits extérieurs. Et puis faut dire que je suis pas irréprochable non plus.

Curieux de savoir ce qu'il y avait de ''pas irréprochable'' chez son camarade de classe, Kami tenta de regarder par-dessus l'épaule de son colocataire. C'était peine perdue, pour sa petite taille, Kami pouvait à peine voir quoi que ce soit, même sur la pointe des pieds. Et puis, bon, cette tête était assez amicale, même si la première approche avait été assez brusque.
Lançant le paquet de gâteaux à l'autre élève, Kami examine la chambre. C'était petit, spartiate, pas très bien aéré et sans aucune intimité. Ça compliquait les choses, ce dernier point, et l'étudiant pensa en amont à tout une sorte de mécanique pour faire ''ses affaires''. Loin d'être juste irréprochable pour des gâteaux, Kami s'adonnait peut-être à la pire activité qui soit pour lui, sur cette île...
Enfin, ce n'était pas un temps pour vraiment échafauder tout ça, de façon claire et précise. Ça prendrait forcément un peu de temps.

Kami Sakuraï : Bon. J'imagine que je dois prendre le lit restant, et patienter sagement jusqu'au repas. L'autre italien, là, nous a pas dit grand chose concernant le reste de l'après-midi. En fait, un groupe de filles est venu le voir, et d'un coup... Paf. Il a cessé de s'occuper de nous. Ils font peut-être le train à couettes, à l'heure qu'il est, vu sa dégaine!

Shigeru Yamane : Haha! Ouais, j'avoue. Oh, merde! Que ce genre de boutade ne sorte pas de cette pièce. C'est que j'ai envie d'avoir mon année, moi...

Quelqu'un frappa à la porte, juste après que le redoublant ait fini sa phrase. Il y eut deux secondes d'incrédulité, puis, sans attendre que les occupants ne leur donnent de réponse, des visiteurs déboulèrent dans la chambre. Ils étaient deux, assez imposants physiquement mais plus petits que Shigeru.

Devant Shigeru et Kami, c'était un adolescent aux cheveux roux avec des piercings, qui répondait au nom de Junko Tozawa. Celui qui se tenait en arrière avait le crâne rasé et la musculature la plus imposante, et se prénommait Kazuo Kawada. Ils portaient leur veste Red Osiris comme une sorte cape, et fixaient Yamane avec insistance. Par le passé, le redoublant et les deux lascars s'étaient lancés dans une opération qu'ils considéraient encore aujourd'hui comme l'invasion de la Duel Academia, c'est-à-dire des duels clandestins contre les étudiants les mieux gradés. Les jeunes avaient combattu dans le but non dissimulé de dépouiller les Ra et les Blue de leurs Duel Disks, ainsi que de leurs cartes fétiches. Le petit groupe se faisait appeler les "Tengu Teammates" car chacun portait un masque rouge de Tengu pour dissimuler son identité. Ils étaient allés jusqu'à dissimuler des oreillettes sous leurs masques pendant qu'un partenaire épiait le jeu adversaire à l'aide de jumelles. L'histoire tourna au vinaigre quand Shigeru se fit attraper alors qu'il était en train de se battre — au sens littéral — avec un étudiant Blue qui l'avait démasqué. Le dadais n'eut pas le temps de détruire les preuves qui l'incriminaient. Cronos demanda au blond si les Tengu étaient plusieurs, mais conformément à leur serment, Shigeru ne dénonça pas ses amis et déclara que les délinquants étaient une seule et même personne : lui, et que la mention "Teammate" n'existait que pour brouiller les pistes. Les retombées de l'affaire furent atténues par le principal Samejima et on acheta le silence de l'étudiant Blue, mais pas assez pour empêcher le jeune Yamane de redoubler. Junko s'adressa à Shigeru, en parlant avec énervement.

Junko Tozawa : On t'a cherché partout ! Tu faisais quoi, Yamane, tu te branlais ? Et c'est qui au juste, lui ?

Évaluant d'un rapide coup d'oeil la situation, Kami pensa d'emblée que les deux intrus venaient chercher la bagarre. Et les termes qu'ils employaient n'auraient pas, d'ailleurs, à les percevoir dans une optique amicale. Le mieux était donc d'appliquer à la lettre les recommandations de son colocataire : ''éviter les marques de politesse pour ne pas se faire manger tout cru''.

Kami Sakuraï : Hé, les trouducs! On sait pas patienter juste un peu? C'est d'jà occupé, ici.

Mine renfrognée, Kami dévisageait les étudiants. Ils avaient beau être plus âgés, cela ne leur donnait pas le droit de se pointer chez le voisin, sans prévenir. Se préparant à les renvoyer d'où ils venaient, Kami s'empressa d'enfiler son Duel Disk et d'attraper son Deck - ou du moins ce qui en avait été ramassé - pour avoir un air plus impressionnant. Apparemment, sur cette île, tout se réglait à coup de duels.

Shigeru était au bord de l'apoplexie. D'abord, un intrus un poil gauche, puis maintenant ses deux potes de l'an dernier qu'il voulait éviter, au moins le premier jour. Les choses prenaient une tournure inquiétante, et il fallait qu'il tempère les ardeurs du gosse. Il essaya de repousser doucement Kami d'un geste de la main, mais le redoublant échoua lamentablement. Ce chétif à binocles était en réalité aussi nerveux qu'un Pit Bull enragé.

Shigeru Yamane : Du calme, jeune pousse, ce sont des amis... Hé ! T'apprends vite, demi-portion, mais tu devrais aussi te contrôler un peu. Les mecs, je vous ai déjà dit bonjour tout à l'heure, non? J'ai juste pas eu envie de bouger, voilà tout... C'est comme ça.

Junko se rapprocha encore plus.

Junko Tozawa : Pas envie ? Mais on avait un plan pour ressusciter les Tengu ! Putain, Shigeru, ça va être mortel, tu peux me croire ! Pendant les vacances scolaires, j'ai zoné dans Domino pour retrouver ce genre de frisson. Mais ils étaient tous faibles. Que des proies faciles, à peine le cran pour tenir debout... Tu m'as manqué, et c'est le cas aussi pour Kawada ! Qu'est-ce qui t'arrive, crétin ? Pendant la matinée, tu nous a à peine adressé la parole, on a même pas pu s'approcher de toi ! Me dis pas que tout ce qu'on a fait pour se débarrasser des pourritures jaunes et bleues, c'était que du vent pour toi ?

Shigeru voulut prendre la parole, mais ce fut Kawada qui s'en chargea, de sa voix calme et grave.

Kazuo Kawada : Laisse, je crois comprendre. Il nous en veut parce que nous sommes en deuxième année et pas lui. C'est aussi simple que ça.

C'en était trop. Le blond ne pouvait plus rester sur la défensive.

Shigeru Yamane : Je vous considère comme des frères et vous le savez, mais n'oubliez pas qui vous a sauvé les miches, l'an dernier. J'ai respecté le pacte, et maintenant, je suis sur la sellette. Je n'ai jamais voulu vous laisser en plan, ok ? Il faut juste que je me tienne à carreau, parce malgré tous ses défauts... J'aime l'Academia, et je ne peux pas la quitter. J'essaie d'arrêter de penser comme un gosse, voilà tout.

Junko, d'un geste théâtral, prit sa tête dans ses mains en gémissant.

Junko Tozawa : Raaah, mais c'est pas possible ! T'as perdu tes couilles pendant les vacances, ou quoi ? Tu sais quoi ? Ton nouveau copain, là, il a eu une bonne idée. Tu n'as qu'à nous affronter en Tag Duel, Kawada et moi. De toute manière, tu te voyais comme le plus fort d'entre nous, alors tu pourras bien faire équipe avec n'importe qui, hein ? Je t'admirais, mais là, tu me déçois beaucoup ! Cela dit, j'avais envisagé ton abandon.

Shigeru resta muet quelques instants, pesant le pour et le contre. De toute manière, il n'avait pas trop le choix, mais il ressentait de la gêne à imposer à l'autre de l'aider à régler ses problèmes. C'était dans son caractère, il détestait avoir des dettes.

Kami Sakuraï : De un, c'est pas parce qu'on redouble qu'on est forcément envieux. De deux, vous êtes clairement en manque de quelqu'un pour zoner. De trois, c'est bas de venir à deux contre un. Donc, d'accord. DUEL.

Il manquait des cartes dans le Deck de Kami, mais il s'empressa de tout réunir et de se tenir prêt. C'était ça, le frisson. C'était si bien, si revigorant. Dans son ancienne école, il n'y avait pas de ça, que des pleurnicheuses à pôpa et môman, des têtes de classe, qui ne comprenaient rien aux penchants casse-cou de leur camarade. D'ailleurs, on avait souvent voulu remettre Kami dans sa petite case, mais comment contenir un ouragan dans une boîte à diable? On ne peut tout simplement pas.
Se tournant vers Shigeru, plein d'ardeur - même s'ils ne se connaissaient pas depuis dix minutes, Kami lança à son colocataire un Duel Disk posé dans un coin de bureau. Le regard plein de flammes, la binocle s'avérait avoir la pire que la pire attitude qu'un animal terrestre puisse posséder. Kami était animé par un cri blanc qui avait longtemps été terré dans sa tête. Et là, il pouvait exploser, à l'instar de Kami qui voulait faire ses preuves.

Kami Sakuraï : Allez, ramène, coloc'. Je sens qu'on va bien s'amuser.

Shigeru approuva et enfila son Duel Disk, déterminé à en finir une bonne fois pour toutes avec son passé.

Junko Tozawa : D'accord, je vois que tout le monde est du même avis, alors faisons ça. Mais pas ici, c'est pas intéressant pour nous. Il faut qu'il y ait un minimum de spectateurs. Allons dehors, histoire que les autres voient à quel point tu t'es ramolli, Yamane. Et pas un mot de notre petit arrangement, ni au sujet des enjeux.

CHANGEMENT DE LIEU.